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LA PAROLE A...CEDRIC SAMPERE, RESPONSABLE DU SERVICE ADOENIA - MAISON DES ADOS DU PAYS BASQUE

Cédric Sampere, Responsable du service AdoEnia Pays basque
AdoEnia - Maison des Ados du Pays Basque
Cédric Sampere, Responsable du service AdoEnia Pays basque

La santé mentale depuis le Covid, ou en est-on ? 

Tout d'abord une petite définition de la  "santé mentale". C'est une composante essentielle de la santé et elle représente bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux. Selon l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté.

La période du Covid a fait apparaître une nécessité importante dans la prise en compte de la santé mentale, de nombreux articles et rapports ont soulevé l'importance de cette problématique.  Elle a permis aussi de démystifier la santé mentale qui n'est pas "la maladie mentale" ou "la folie" pour reprendre des expressions entendues. C'est vraiment la notion de bien être ainsi que la capacité à faire face aux aléas de la vie ordinaire. Avec cette définition, nous nous apercevons que la santé mentale touche tout le monde. 

Sur notre territoire, Il y a eu de nombreuses actions  pour "oser parler" de sa santé mentale. Parfois tabou, il est devenu plus naturel de parler de sa santé mentale aujourd’hui et tant mieux.

En ce qui concerne l'accompagnement des personnes qui auraient une santé mentale dégradée, il y a eu des renforts mis en place post-covid mais la demande est telle que les services et institutions qui ont été soutenus ne peuvent répondre à toutes les demandes. Il y a une pénurie de médecin pédopsychiatre et psychiatre, les listes d'attentes s'allongent dans le libéral, et cela provoque un engorgement dans des services de prévention comme le nôtre. Beaucoup de retard a été pris sur cette question de santé mentale, et le fossé se creuse jour après jour. Mais cette expression s'est démocratisée et les gens n'ont plus peur ou moins peur d'en parler. 

Cette crise a permis aussi comme tout bouleversement de mettre en lumière des lieux ressources et la santé mentale est mieux identifiée, il existe un Conseil Local en Santé Mentale qui existait avant mais qui a pris une nouvelle dimension depuis. De nombreuses actions voient le jour pour sensibiliser le grand public.”

Adoenia, quel acteur aujourd'hui, quelles actions pour demain ?

AdoEnia est un des acteurs qui veille à la santé mentale des jeunes, d'une part car c'est sa mission mais surtout car l'avenir c'est les jeunes. Ce sont les futurs adultes en devenir et nous avons un devoir d'accompagnement et de protection. Il est donc important voire primordial de les aider à se construire et de les accompagner dans la recherche de cet état de bien être mental. Pour cela nous avons mis en place différents axes, les entretiens à destination des jeunes âgés de 11 à 21 ans, mais aussi des parents et des professionnels. Car pour pouvoir se construire sur de bonnes fondations les adolescents ont besoin d'adultes solides qui ont une bonne santé mentale aussi. Depuis le covid nous avons vu un effondrement de ces adultes et les répercussions sur de nombreux jeunes.

Nous menons aussi des actions de prévention en milieu scolaire pour repérer les situations de mal-être lors de temps d'échanges sur des problématiques diverses.

Durant le Covid nous avons vu l'importance des réseaux sociaux, souvent décriés mais qui pour le cas, nous ont permis de garder du lien avec de nombreux adolescents durant le confinement. Les promeneurs du net 64, dispositif de la CAF mais coordonné par AdoEnia a permis de maintenir du lien et d'offrir un espace d’échanges avec des jeunes en souffrance.

Fort de ces expériences, nous avons pu aussi nous former et devenir formateur en Premier Secours en Santé Mentale (PSSM standard et jeunes). Comme les premiers gestes de secours physiques, cette formation citoyenne permet de sensibiliser et de mieux appréhender les situations avec une personne qui souffrirait de mal-être qui viendrait altérer sa santé mentale. 

Pour demain, nous souhaitons dans un idéal que chaque jeune, chaque parent, chaque professionnel puisse connaitre notre service pour bénéficier d'un conseil, d'un soutien pour favoriser la santé mentale des jeunes en devenir. Que ce soit par les entretiens, par les temps d'information, de formations, nous souhaitons armer les adultes pour qu'ils deviennent des tuteurs de développement pour la jeunesse. 

Les axes que nous développons actuellement se situent sur la prévention du risque prostitutionnel chez les mineurs(es) et nous sommes devenus une permanence "adosexo" (lieu d'écoute pour les jeunes en situation de prostitution ou pour les parents). Nous sommes sur la production avec la Teen Company d'un court métrage pour favoriser les échanges autour du suicide chez les jeunes, le film devrait sortir en septembre 2023.  

Nous continuons les actions sur les réseaux sociaux avec d'une part le dispositif ResoLab pour permettre aux jeunes d'avoir une bonne pratique numérique et permettre aux parents de se saisir de cette question de la parentalité numérique et d'autre part un travail avec Etcharry formation développement sur les pratiques numériques des jeunes. Et puis nous souhaitons participer à des projets innovants qui permettent aux jeunes d'expérimenter de nouvelles rencontres comme le projet de jardin avec le lycée Armand David sur lequel nous pourrons travailler cette question de santé mentale tant pour les jeunes accompagnés que pour les étudiants participant aux projets.” 

Si vous aviez un message à transmettre aux jeunes, quel serait - il ? 

Gardons l'espoir, osons vivre, reprenons le temps d’apprécier les choses simples de la vie, Réapprenons le vivre ensemble. Je mets tout avec "nous" car il me paraît impossible de faire porter aux jeunes nos injonctions si nous même les adultes nous ne les portons pas. Continuez à vous nourrir de tout, soyez curieux, audacieux, courageux, persévérants et surtout toujours sincères. Profitez de chaque instant pour apprendre, pas tant le savoir mais la connaissance, de soi, des autres. que chaque expérience soit un plus pour l'avenir. Et pour terminer, prenons soin de nous”

Un grand merci à Cédric Sampere pour ce témoignage et les messages forts adressés à nos jeunes.

Parce que le bien être et la santé mentale de nos jeunes sont une priorité, AdoEnia est un partenaire privilégié dans les actions menées au sein de notre établissement. 

"S'ouvrir au champ des possibles"